Certains peuvent s’entendre pour dire que j’ai le pire caractère qui soit. Ils n’ont probablement pas tort en soi. Pourtant, personne ne peut réellement comprendre ce qui s’est passé pour que j’en vienne à développer cet attitude de je m’en foustime dans laquelle j’excelle incroyablement bien. Tout au long de mon enfance, j’ai toujours été cette petite fille adorable avec ses long cheveux blonds, ses grands yeux bleus et pourtant. C’est probablement le lycée qui m’a fait changer du tout autour. Vous savez « la crise d’adolescence? » j’ai beau avoir 25 ans, j’ai parfois l’impression qu’elle n’est pas terminée. Et pourtant, malgré tout, je crois que quelque part, ça m’arrange. Je veux dire, de rien ressentir : c’est même vachement bien. J’ai pris l’habitude de tout garder à l’intérieur de moi de ne rien jamais démontrer mise à part froideur et indifférence. Ça ne m’empêche pas d’être une personne possiblement sensible mais ça, c’est un peu comme le Bigfoot ou le montre du Lochness : il faut le voir pour le croire et croyez-moi : ça arrive rarement. Sinon, j’ai un sens de la répartie assez développer et je ne me laisse jamais marcher sur les pieds. Mon arme la plus puissante : le sarcasme, encore et toujours ce bon vieux sarcasme dont je ne peux me départir. Contrairement à mon frère jumeau, je n’ai pas continué mes études après le lycée – je passe un peu pour la petite conne de service à côté de monsieur je-sais-tout. Ça le don de m’énerver car j’ai constamment l’impression de ne pas me retrouver dans cette famille qui veut toujours que tout soit toujours parfait. Je suis la petite tache dans le décor qui ne rend pas fière maman et qui essaye juste de faire de son mieux sans vouloir se faire chier avec un métier trop exigeant. Je vis au jour le jour : c’est ma philosophie. J’aime profiter des bonnes choses : et même en abuser. La vie est trop courte pour avoir des regrets de toute façon et à la vitesse où je vais, je ne vivrai pas très longtemps de toute façon. Et encore là, je m’en fous.  

Mon père est mort. Belle manière de commencer à raconter les choses, non? Je n’ai jamais été du genre à passer par quatre chemins alors voilà : Mon père est mort, mon père s’est fait assassiné. Qui pourrait s’imaginer un jour que la police débarquerait chez eux aux petites heures du matin dans le but d’apprendre que leur père a été trouvé dans une mare de sang avec une balle dans la tête? Je ne l’aurais jamais pensé et pourtant, cette nuit-là, je n’ai pas pleuré.

Je n’ai même pas pleuré quand je suis née. Mon frère a été le premier petit chanceux à voir la lumière du jour, je l’ai suivi de près et pourtant, pas un son. Ça m’a pris plusieurs minutes avant de faire quoi que ce soit. On pensait d’abord que je ne respirais pas… et j’ai chigné. Deux trois chignements – probablement pour m’annoncer, pour dire que ça allait mais sans plus.

Je n’ai pas pleuré quand je suis arrivée à l’école le lendemain de ma première fois, je n’ai pas pleuré quand on me regardait, quand tous les garçons essayaient de mettre leur main sous ma jupe parce qu’on avait inventé n’importe quoi à mon sujet. J’avais 14 ans à cette époque. Probablement beaucoup trop jeune pour se faire enlever sa petite culotte mais j’en avais envie. Il s’appelait Matt, il avait 16 ans et on aimait bien écouter la même musique. On s’était rencontré dans une fête, rien de bien intéressant comme rencontre mais il embrassait bien. Il nous arrivait de souvent se rencontrer avec les cours de gym question de s’échanger un peu de salive dans les vestiaires. Un bon jour il m’a demandé si j’avais envie de sécher les cours pour aller chez lui. J’ai accepté. On est passé à a pharmacie. Il s’est occupé de voler des capotes, j’ai volé des bonbons. Vous savez, ceux à la framboise? Mes préférés! On est arrivés chez lui et ça s’est passé dans son petit lit simple, entre deux piles de vêtements sales. Il m’a retiré ma petite culotte. Ça fait un mal de chien, ça duré deux-trois minutes puis on a mangé des bonbons en jouant à la console. Le lendemain matin, tout le monde le savait à l’école, tout le monde disait que j’étais une grosse cochonne à la recherche de sensations fortes. J’ignore encore à ce jour ce qu’il a balancé. Mais je n’ai pas pleuré. Je ne pleure jamais.
J’ignore ce qui se passe avec ma famille, j’ignore beaucoup de chose encore et je ne cherche pas réellement à savoir. Je fais ma petite vie tranquille en travaillant, en sortant en m’amusant. Je suppose qu’un jour, la vérité sortira et à ce moment, j’y ferai face. Pour le moment, je ne veux rien entendre, je ne veux rien comprendre. Je tourne le dos à toute éventualité amoureuse, à tout nouveau projet. Mon quotidien me plaît bien, mon petit présent rien qu’à moi.
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