Looks like I'm your watchdog now.
❖ DAX & NATSYA ❖

Une fois de plus, Dax avait mis les pieds dedans. Ce n'était pas de sa faute. Enfin pas entièrement. Certes, il était aller fourrer son nez là où c'était déconseillé... Mais bon sang, s'il avait ne serait-ce que l'illusion d'une chance de retrouver l'enfoiré qui avait assassiné sa femme... Il n'allait clairement pas la laisser passer. C'était tout bonnement hors de question. Et totalement contraire à sa façon d'agir. Il avait déposé Noah chez ses grands-parents, tout en lui promettant de répondre s'il 'appelait - mais qu'il devait l'appeler uniquement en cas d'urgence. Et que dans tous les cas, il l'appellerait juste avant qu'il aille se coucher. Comme il le faisait chaque soir s'il n'était pas à la maison. Dax s'en foutait qu'on juge qu'il couvait trop son gamin. Si prendre cinq minutes pour rassurer un gamin qui avait perdu sa mère était une perte de temps aux yeux des autres... qu'ils aillent se faire foutre. Il était rentré chez lui et il avait pris une douche rapide avant de se changer.

Quand un mafieux russe vous demande de veiller sur sa fille, vous ne discutez pas. Sauf si vous voulez vous retrouver avec un bloc de béton aux pieds et une balle dans la nuque. A vrai dire, Dax y était totalement indifférent. Il n'avait pas le choix alors il s'en accommodait. Il vérifia son allure d'un coup d'oeil rapide au miroir. En dehors de son air morne, il avait l'air tout à fait normal. Non. Pas normal. Martial. Comme tout soldat qui a longtemps porté l'uniforme. Il lissa machinalement son col. Puis il quitta sa maison. Il devait retrouver Anastasia devant chez elle. Pour aller où ? Il n'en avait aucune idée. Et il s'en moquait aussi. Il arriva à l'heure avec la précision d'un horloger.

Il se passa machinalement la main dans les cheveux avant d'appuyer sur la sonnette. Il était sensé dire quoi exactement ? S'il s'écoutait, sa franchise allait parler d'elle-même et le mettre dans une situation embarrassante. Après tout, il n'était pas sensé lui dire que son oncle l'envoyait lui coller au cul comme un bon chien de garde. Ce qui signifiait tout bonnement que la demoiselle avait dû envoyer bouler les toutous russes de son oncle. De ce côté-là, il la comprenait. Lui non plus n'aurait pas apprécié ce genre de nounous. Même s'ils étaient parfaits pour faire disparaître les nuisibles. Dax se doutait que le choix du russe avait été disons, orienté, par son passif. Ex militaire, un flic qui n'a pas peur de se salir. Tout à fait le genre de gars dont un mafieux aime s'entourer.

Enfin, la porte s'ouvrit.

- Bonjour.

On ne fait pas plus basique comme salutations. Il se sentit mal à l'aise et gauche. Il n'avait rien à foutre là. Il n'avait qu'une envie, celle de tourner les talons et de repartir chez lui, se servir un grand verre de whisky et passer la soirée à fixer le vide. Pas d'aller courir dieu sait où et prétendre qu'il était quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'était en rien lui. Les mondanités, ça lui filait toujours le cafard. Il n'avait pas besoin de ça.

Nastya avait passé l’après midi à sourire devant les photographes d’une marque de mode quelconque, à prendre des poses sulfureuses, à se positionner dans des angles totalement incongrus, et désormais, elle était allongée dans un bain, les yeux fermés. Elle adorait son métier, ça c’était sûr. Mais, d’un autre côté, il y avait quand même certains inconvénients majeurs. Les courbatures en était un exemple particulièrement marquant. L’obligation de faire du sport et de ne pas (trop) se jeter sur la bouffe était aussi légèrement embêtante. Mais, Nastya avait pris l’habitude de manger des fruits au lieu de craquer sur le nutella, et son corps s’était tout simplement habitué. Il n’avait pas vraiment eu le choix de toute façon. La jeune femme tenait à conserver cette carrière qui s’offrait à elle, et puis… Elle ne se voyait pas travailler dans un bureau. Ça non. Et encore moins se faire materner par son oncle, son père… Elle ne savait plus trop où elle en était avec lui. Elle eut un rictus à cette idée. Et puis, elle sortit de l’eau.

Ce soir, elle allait à un gala de charité. Encore sourire. Toujours sourire. « Souris, t’es pas un monstre », lui disait un de ses exs. Mais, elle n’aimait pas sourire. Au fond, tout au fond de son être elle le savait. Elle était un monstre. Elle avait tué un homme. Jamais elle ne pourrait effacer cette marque. Juste vivre avec. Attendre le jugement final. La tenir loin. Très loin.

Pour cette soirée, elle avait choisi ses accessoires avec soin. Une longue robe noire, fendue sur le côté et dos nu, un maquillage léger et une coiffure élaborée. Elle s’en occupa toute seule, comme toujours. Elle aimait se retrouver seule face à son miroir et elle aimait se transformer « en fille » comme elle disait. Dans la vie de tous les jours, elle était largement plus jean troué et queue de cheval qu’autre chose. Quelques bijoux discrets et on sonna à la porte. Voilà son dernier accessoire arrivé. Elle mit une dernière touche de gloss sur ses lèvres et attrapa la pochette qui lui servirait de sac à main.

De l’autre côté de la porte, Dean. Elle ne savait pas trop pourquoi ni comment, mais il ne la lâchait plus depuis cette histoire de cambrioleur. Elle avait décidé de s’en accommoder en s’en servant de chevalier servant quand elle sortait. Cela lui évitait de se faire coller par des nuisibles. Bonsoir, Dean, répondit-elle sur un ton protocolaire. Elle le laissa entrer. Mon chauffeur ne devrait pas tarder. Tu veux boire quelque chose en attendant ? Autant dire qu’il allait avoir besoin d’un remontant après la proposition qu’elle allait lui faire. Genre, vraiment.

Dean observa rapidement la tenue de la demoiselle. Elle savait clairement comment se mettre en valeur. Peu importe quelle serait leur destination, Dax était certains qu'elle attirerait les regards. Il se retint de sourire en songeant qu'à côté d'elle il devait avoir l'air un peu pouilleux. Un pouilleux sortant de l'armée. Il y avait cependant quelque chose chez elle qui l'intriguait assez. Mais c'était peu de choses comparé à ce qui pouvait l'agacer venant de sa personne.

Il fit quelques pas dans l'appartement. C'était totalement différent du nid douillet qu'avait été la maison des Cassady. De toute manière, on ne pouvait pas vraiment comparer l'appartement d'une célibataire avec une maison de famille où un garçon de cinq ans semait tous ses jouets, peu importe le nombre de fois où on lui demandait de les ramasser.

- Une bière ou du whisky, si tu as.

Eh oui. Il était nature comme gars. Il n'allait pas s'embarrasser à essayer de se faire passer pour quelqu'un qu'il n'était pas. Et après tout, il avait envie d'une bière ou d'un whisky. Et de dégager de là, mais malheureusement ce n'était pas une option pour le moment.

- Il aurait fallu me prévenir qu'il fallait se mettre sur son trente-et-un...

Ce qui n'aurait strictement rien changé, à vrai dire.

- Et sinon, t'as jamais appris à conduire ?

Et sinon, ça t'arrive de ne pas vouloir passer pour un connard ?

Cela ne la dérangeait pas du tout qu’il ne soit pas habillé on ne peut plus classe. Elle s’en fichait. Son apparence, c’était le cadet de ses soucis. Au contraire, un petit scandale autour de sa « relation » pourrait être amusant à gérer. Pour elle. Lui par contre, risquait de mal le prendre. Elle haussa un sourcil et désigna le canapé. L’appartement était assez cosy. Le salon aurait dû être une salle à manger, mais la jeune femme n’aimait pas ça. Et puis, elle ne recevait jamais personne. Elle préférait sortir. Alors, elle avait fait un salon avec un grand canapé, une télévision à écran plat et des bibliothèques partout. Nastya adorait lire. Mais, ce n’était pas très bien rangé. Sur la table basse il y avait une pile de livres « à lire », sur le canapé une autre de « en cours de lecture », et les étagères débordaient tellement qu’il aurait fallut en prendre de nouvelles. Dans un coin de la pièce se trouvait un petit bar et un mini frigo. Elle sortit des glaçons et servit un verre de whisky à Dean avant de le lui ramener et de se laisser tomber sur le pouf en face de lui. C’est un gala de charité, expliqua-t-elle avec un sourire. Le costume est obligatoire, mais il ne doit pas forcément venir d’une grande marque. Ça, c’est juste pour ceux qui ont envie de se la jouer tape à l’œil. Et, il y avait de nombreux accrocs au tape à l’œil.

Elle rit ensuite quand il lui demanda si elle savait conduire. Avec sa grâce naturelle.Evidemment que je sais conduire ! Elle secoua la tête et les boucles qui sortaient de son chignon bougèrent un peu. Mais c’est le principe de ce genre de soirée. On arrive avec un chauffeur, et quand on sort les photographes vous assaillent. Il n’y connaissait rien à ce monde, visiblement. Elle sourit, amusée et elle fronça le nez. D’ailleurs, en parlant de ça… Je crois bien que tu as décidé de ne plus me lâcher, c’est bien ça ? Elle le regardait droit dans les yeux et elle eut un sourire contrit. Dans ce cas, pour plus de crédibilité, j’ai soit le choix de te faire passer pour mon garde du corps, mais là je risquerais de finir dans les magazines comme « la modèle qui a pris la grosse tête », parce que je ne suis clairement pas assez connue pour ça. Soit, je peux te faire passer pour mon petit ami. De toute façon, c’est ce que les tabloïds vont penser en nous voyant trainer ensemble.

Un gala de charité. Rien que ça. Il n'avait rien à y faire. Ce n'était pas son monde. Il n'en avait aucune envie. Mais il devait garer un oeil sur elle. Son petit doigt lui disait qu'elle allait bien en profiter. Si ça l'amusait, tant mieux. Mais lui n'irait pas jusqu'à faire semblant de s'amuser.

- De toute façon, c'est pas avec ce que je gagne que je pourrais m'offrir un costard Armani ou autre.

Et ça ne lui serait jamais venu à l'esprit de dépenser son argent dans ce genre de chose. Pas s'il comptait manger durant le reste du mois. Il ne put s'empêcher de lui demander si elle savait conduire. Ce n'était pas vraiment aimable de sa part, mais il n'avait jamais compris l'utilité d'avoir un chauffeur - un chauffeur personnel s'entend.

- Ils ont rien d'autre à foutre de leur temps ceux-là.

C'était juste un constat. Il prit une gorgée de son verre en silence et haussa les épaules quand elle lui demanda confirmation sur le fait qu'il était la pour la suivre. Il la dévisagea, se demandant s'il devait lui jeter son verre à la figure, la planter là ou ne rien faire.

- Tu comptes leur offrir un remarque de la Belle et le Clochard ?

Il eut un sourire narquois. Elle s'attendait sans doute à ce qu'il se borne à jouer les gardes du corps. Mais il n'aimait pas rester dans une case prédéfinie.

- Alors, quoi ? Tu veux leur donner de quoi jaser en t'y pointant au bras d'un vétéran veuf et décoré ? Tu n'as pas trouvé mieux ?

Personne ne te le demande, rétorqua Nasty. Comme si elle lui avait fait la moindre remarque sur sa tenue. Non. Elle s’était contentée de remarquer qu’il n’allait pas la lâcher, pour une raison qu’elle ne saisissait pas, et elle avait juste décidé d’en profiter. Pour éviter qu’on ne lui accorde une nouvelle liaison par semaine, avec un homme qu’elle ne faisait que saluer dans la rue. C’était du grand n’importe quoi, les tabloïds. Genre vraiment. La jeune femme en avait assez. Elle lui lança rapidement quelques informations sur le milieu qu’elle côtoyait et elle hocha la tête. Tant qu’il y aura des gens pour lire ces conneries, non ils n’auront rien d’autre à foutre. Certains paparazzis gagnent mieux leur vie que moi en vendant ce genre de conneries. Elle haussa les épaules à cette pensée. J’ai pas d’autre choix que de faire avec. Enfin, à part retomber dans l’anonymat et arrêter de faire ce qui me fait vibrer.

Par la suite, elle expliqua rapidement à Dean ce qu’elle attendait de lui. Sa réponse fut glaciale. Un remake de la belle et le clochard ? Les yeux d’Anastasia s’équarquillèrent et elle l’observa bouche bée. Mais de quoi il parlait là ? Il lui sortit ensuite quelque chose à base de l’ex militaire… Non mais… Mais de quoi tu parles ? Elle attrapa un coussin en se retenant de lui envoyer à la figure. Mais pour qui tu me prends ? Cette fois, elle lança le coussin à la tête du jeune homme. En espérant ne pas renverser le verre sur la pile de livres bancales à côté de lui. Mais t’es un grand malade ? Elle se leva, outrée et se dirigea vers la porte. C’est toi qui me colle aux basque, et j’essaie de préserver un minimum de cohérence dans ma vie pour pas que tu la bousille avec TES conneries, et tu me dis que… Tu crois que… Mais t’es totalement stupide. T’as qu’à arrêter de me suivre partout, espèce de malade.

Les mondanités... Dean préférait de loin l'anonymat. Les interviews à la "hometown glory", ça n'était pas non plus sa tasse de thé. Mais il pouvait se plier à l'exercice, pas de son plein gré, mais il le pouvait. Il resta stoïque quand Natsya s'énerva. Elle avait beau s'énerver - et lui avoir jeté un coussin - ça n'était rien. Il avait connu pire comme engueulade.

- Peut-être parce que le type qui t'a agressée sait que tu as vu son tatouage qui permettrait sans doute de l'identifier et qu'il pourrait avoir envie de finir le travail.

Le ton était calme, posé. Il énonçait une vérité, il ne cherchait pas à faire de l'esbrouffe ou du drama. Il ramassa le coussin et le posa à côté de lui. Puis, il termina son verre d'une traite. Ce qui était peut-être un peu un sacrilège, au vu du goût de la boisson, mais il s'en foutait.

- Et parce que j'ai l'intention de coller la râclée de sa vie à cette sous-merde si j'ai l'occasion de lui mettre la main dessus. Donc, je vais pas me priver de ce plaisir.

Il ne comptait pas lui dire qu'on l'incitait aussi à veiller sur elle. Ou du moins, pas tout de suite. De toute façon, elle finirait par le savoir un jour où l'autre. Si ce n'était pas par Dax, ce serait par son oncle. Alors qu'importe.

- Mais si tu préfères te faire trucider,... Je peux m'en aller.

Rentrer chez lui. Ouais, ça serait presque tentant. Mais il se connaissait. Si elle le renvoyait, il reviendrait, il observerait de loin. Parce que c'est une putain de tête de mule et qu'il ne s'en fout pas totalement au fond.

Evidemment, voilà l’homme qui lui ressort le coup de l’agresseur. Sur le principe, Nastya comprenait parfaitement où il voulait en venir. Elle savait bien qu’il y avait une chance qu’il veuille lui faire payer le coup de couteau qu’elle lui avait donné. Elle se rappelait encore la forme du tatouage sur le bras, alors qu’il s’enfuyait, et elle l’avait donné aux autorités. Mais, ce qu’elle ne comprenait pas, vraiment vraiment pas, c’était la façon que Dean avait de la coller. Tu veux lui coller une raclée pour je ne sais quelle raison, parfait. Essaie juste de ne pas détruire ma vie au passage. Elle l’observa droit dans les yeux, furax. Parce qu’il ne comprenait pas. Vraiment pas. Pour le coup, je suis presque sûre que je préfère me faire trucider avant que tu ne détruise ma réputation et que la presse ne s’intéresse à mon oncle.

Elle ne se cachait pas d’être la nièce d’un baron de la drogue local, mais pour l’heure les magazines avaient l’air de s’en moquer. Parce que là, mon oncle entrera en croisade, et il te détruira toi, il détruira la magazine qui aura parlé de lui, le journaliste, j’en passe et des meilleures, et crois moi, je n’ai aucune envie de vivre ça. Et lui non plus. Elle l’observa quelques secondes, et puis elle secoua la tête de droite à gauche et se dirigea vers sa salle de bain. Elle récupéra du rouge à lèvre et le mit dans son sac à main, puis elle revint vers le salon. Maintenant, si tu as décidé de jouer le jeu, tu peux venir avec moi. Sinon, tu peux rester et finir la bouteille de whisky.

- Il a tué ma femme. La mère de mon gosse.

Et à présent c'est lui qui allait mourir. La voix de Dean était emplie d'une rage froide qui transparaissait aisément alors même que le ton était posé, ce qui pouvait avoir un effet des plus dérangeants. Mais Dax avait dépassé le stade de la colère visible. C'était une rage presque animale qui l'habitait. Une rage qui le poussait à traquer le meurtrier, méthodiquement.

Il se redressa quand elle revint, et se leva, en partie à contrecoeur. L'idée de rester à boire du Whisky était tentante, mais il devait la protéger. Donc, la suivre. Même si ça signifiait devoir se farcir des mondanités. Il ajusta son col et s'étira légèrement.

- Très bien. Allons-y.

Avant qu'il ne change d'avis. Ce qui ne saurait tarder s'ils s'attardaient trop. Il baissa les yeux sur sa main gauche et retira son alliance avant de la glisser dans la poche de son pantalon en grimaçant légèrement. Il n'avait pas l'habitude de l'enlever.

- J'ai droit à un briefing plus précis sur la soirée, ou tu vas te contenter de me jeter un autre coussin à la tronche ?

Nastya observa l’homme durant quelques secondes avec une expression lassée. Il ne la lâchait pas que pour une petite vendetta personnelle où il allait probablement finir par se faire tuer lui-même et laisser son gosse orphelin. Eh bah bravo. Pauvre gamin, tient. Orphelin de mère, il allait perdre son père parce qu’il était trop stupide pour réaliser que la vie continuait. Nasty en avait vu passer pas mal au fil des années, avec son oncle. Il avait dû tuer femmes et enfants pour en arriver là où il était aujourd’hui, et la jeune femme avait préféré détourner le regard que de se retrouver réellement face à tout ce qu’il avait pu faire. Parce que c’était sanglant. Dégoutant. Elle vivait sa vie et avait quitté le domicile familial pour cette raison. Elle ne voulait pas être complice. Elle adorait son oncle, qui avait toujours été bon pour elle, mais elle n’était pas stupide non plus. Elle refusait de suivre la même voie que lui. Elle n’avait qu’un seul « meurtre » sur la conscience, et c’était déjà assez complexe comme cela a gérer.

Elle revint dans le salon et lui proposa de rester là, de lui foutre la paix et de finir la bouteille. Ou bien d’arrêter ses conneries et de venir avec elle. Sous couverture. Parce qu’elle refusait que sa vendetta personnelle ne vienne se mettre en travers de son chemin. Nastya était une petite célébrité. Une fille dont on commençait à reconnaitre le visage quand on la croisait. Elle ne voulait pas que ce flic semi ripoux ne ruine tout.

Elle hocha la tête quand il accepta et le regarda retirer son alliance. En fait, elle n’avait jamais remarqué qu’il avait une alliance. Vraiment pas. Ce n’était pas le genre de choses auxquelles elle faisait attention. Elle était célibataire depuis un moment, concentrée sur sa carrière, et elle avait décidé de ne pas avoir de petit ami pour le moment. De se concentrer sur elle-même. Dean était une inconnue dans l’équation bien rangée de sa vie. Il lui demanda un briefing alors qu’elle se dirigeait vers la porte et elle hocha la tête. Tu mériterais au moins deux coussins dans la tête de plus, mais je n’ai pas le temps de te les lancer. elle tourna la clef dans la serrure et continua : Le Maire organise régulièrement des galas de charité. On y rencontre tout le beau monde, venus pour se montrer, parader et donner un peu d’argent pour une cause quelconque. Ce soir, c’est pour retaper l’orphelinat qui est au coin de la 5° et de la 18° rue. Elle appuya sur le bouton de l’ascenseur. Hors de question de prendre l’escalier avec des talon de 12cm. Ils ont prévu un buffet, des photographes, du champagne à volonté… Et il va falloir sourire toute la soirée, jusqu’à en avoir des crampes aux joues.

Dax n'avait absolument pas envie de suivre Natsya mais il ne pouvait pas la laisser y aller seule. Faisant contre mauvaise fortune (presque) bon coeur, il accepta toutefois de l'accompagner.

- Tu risquerais d'abimer ta jolie déco.

Il ne put néanmoins retenir un sourire légèrement amusé. Il la suivit ensuite.

- Je connais. On a fait une levée de fonds l'an passé.

Ca n'avait pas été grand chose, mais quelques officiers c'étaient vraiment impliqués. Les gamins s'étaient amusés un peu - surtout quand ils avaient eu la permission de jouer avec les sirènes.

- Ah, parce que, en plus, je vais devoir sourire.

Cette fois, il était amusé.

- Donc. Si on me pose des questions sur notre relation, j'ai le droit de dire que tu ronfles affreusement ?

Cette pique était totalement gratuite, mais ça l'amusait. Il pouvait essayer de prendre ça du bon côté des choses.

Au fond, nastya avait juste envie d’être ailleurs. Elle avait envie de l’étriper et de le laisser là, dans son coin, et de partir toute seule. Parce que ça aurait été plus facile. Elle devait absolument faire en sorte qu’on la remarque, et elle devait jouer son rôle à la perfection. Mais, elle ne pouvait pas contrôler ce que Dean allait dire. Elle lui retourna un regard légèrement agacé avant de grimper dans la voiture sans répondre à sa question. Il y aurait des journalistes. Des photographes. Tous les regards allaient être braqués sur la fête. Demain, il y aurait des articles dans les journaux et des interview sur le net. Elle ne pouvait pas permettre… Elle ne pouvait pas permettre d’apparaitre comme une idiote qui souriait à côté d’un mec qui voulait être absolument partout sauf là. Oui, tu vas devoir sourire. Son ton était un peu plus sec que ce qu’elle aurait voulu. Elle ferma les yeux et se retint de lui expliquer combien tout était dans l’apparence dans ce milieu. Dean n’avait pas l’air d’être le genre de gars qui avait grandi dans ces milieux. Nasty non plus. Mais, elle avait appris. Quand son oncle avait commencé à avoir de l’argent. Beaucoup d’argent. Elle avait dû faire celle qui ne voyait rien. Celle qui était innocente. Sourire. Répondre aux questions. Avoir le regard fuyant quand l’homme avait des « invités ». Oui, Nastya savait jouer la comédie. Trop bien, même. Elle pourrait faire croire à n’importe qui qu’elle était profondément éprise de cet homme-là. Peut-être même qu’elle y croirait, à la fin. Je ne ronfle pas. Mais je prends toute la place dans le lit. Et je donne des coups de pied quand on essaie de me pousser, finit-elle par lâcher avec un petit sourire. Elle tourna le regard vers lui et eut un sourire amusé. Tu peux aussi dire que je suis incapable de cuisiner. C’est le cas. J’ai déjà mis le feu à la cuisine en faisant des œufs au plat. Elle fit une grimace à cette idée. Papa était furieux… Il venait juste de faire refaire la cuisine. Papa, c’était Anton, bien sûr. Elle l’adorait. Parfois elle l’appelait son oncle. Mais, il y avait toujours ce petit surnom qui revenait, parfois. Papa. Elle tourna la tête. Tu vas devoir faire vraiment comme si j’étais ta petite amie. Il y avait une once d’inquiétude dans sa voix et elle fit une grimace. Tu es sûr que … ça va aller ? Elle ne voulait pas qu’il craque. Pas au milieu de la soirée. Ce serait une longue soirée. Nastya s’en tiendrait au jus d’orange. Pas d’alcool. Pas alors qu’elle devait faire semblant d’être quelqu’un d’autre que la nièce chérie d’un baron de la drogue. Mais lui ... Lui, ce n'était pas son genre de chose. Vraiment pas. Et puis,il y avait cette histoire de femme dont elle n'avait pas entendu parler avant. Morte. Il allait devoir se battre contre un fantôme dont elle prendrait la place. Pour de faux, mais tout de même.

Malgré son envie de l'envoyer chier, Dax finit pourtant par se laisser amuser. Il alla même jusqu'à faire un peu d'humour et taquiner la jeune femme. Et trouver ça drôle. Les taquineries. Pas l'idée de devoir jouer les petits copains sous les deux de la caméra. Non. Ca, en revanche, ça le hérissait fortement. Il aurait été mieux à faire tout sauf ça. Il n'était pas très bon comédien et il n'avait pas l'habitude d'attirer autant l'attention sur lui. Surtout pas de cette façon-là.

- Et tu adores coller tes pieds gelés contre mes mollets en pleine nuit aussi ?

Il retint difficilement une grimace en se rendant compte que ça, c'était surtout l'habitude de la femme qu'il avait épousée. Parce qu'elle savait que ça le ferait râler, mais qu'il la laisserait quand même faire. Quand il entendit l'histoire des oeufs au plat, il la fixa avec surprise avant de se mettre à rire. C'était bien la première fois qu'il entendait quelqu'un dire qu'il était capable de rater le plat le plus simple au monde.

- Rassure-moi, tu étais ivre ce jour-là ?

A y réfléchir, il y avait bien eu quelques assiettes brûlées alors qu'il était trop occupé à jouer avec Noah. Elle lui demanda avec une grimace s'il pensait que ça allait aller.

- J'en ai aucune idée.

A vrai dire, il était à deux doigts de se dire qu'il risquait surtout de mettre involontairement les pieds dans le plat. Il réajusta pour la énième fois le col de sa chemise. Non, il ne sentait pas cette soirée. Mais ça n'avait jamais été son truc. Comme les soirées annuelles du Mémorial Day. Ou même les levées de fonds.

- Tu es sûre que ma tenue conviendra ? Ca risque de faire jaser en mal non ?

Disons qu'il manquait un peu de standing...

- Plus important : comment on s'est rencontrés ? Et surtout... quelle est ta relation avec mon fils, Noah ?

Les deux sujets qui pourraient le plus prêter à une gaffe des deux côtés.