Enfant, Dean était le gamin que les parents prenaient toujours pour référence. Poli, souriant, serviable, obéissant. Il faut dire qu'avec le paternel Cassady, il valait mieux filer droit. Mais ça ne l'a jamais empêché d'expérimenter des choses, même s'il devait ruser pour ne pas se faire prendre. Il aimait aussi fanfaronner, faire le malin devant ses amis. Mais après tout, ce n'était qu'un gamin, comment lui en vouloir ?
En grandissant, il a pris de l'assurance. Et il a aussi appris à user de son charisme, à toujours entrainer ses amis dans ses idées parfois farfelues, si ce n'était peu recommandables. Il vivait un peu à fond, presque à brûler la chandelle par les deux bouts. Il se croyait intouchable, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Il aimait avoir la sensation de danser au dessus d'un volcan.
En vieillissant, il a appris, parfois à ses dépends, qu'on ne peut pas danser éternellement au dessus d'un volcan, il arrive toujours un moment où quelque chose se passe. Et ce quelque chose finit parfois par vous tenir éveillé la nuit à guetter le danger, même lorsqu'on est en sécurité.
Avec ses amis il était - et l'est toujours, d'un naturel protecteur et loyal. Il serait capable de se prendre une balle pour une personne à qui il tient. D'ailleurs, c'est du vécu. En revanche, il a tendance à être exigeant envers les autres. Il ne s'attend pas à ce qu'ils fassent moins que ce que lui fait. Et par dessus tout ça, ce qui compte le plus, c'est la famille. Il n'y a rien de plus sacré à ses yeux.
« Lorsqu'un père donne a son fils, les deux sont en joie. Lorsqu'un fils donne à son père, les deux sont en larmes. »[Shakespeare] La Nouvelle-Orléans, lieu emblématique du jazz et du vaudou. Une ville épatante, vivante, bruyante. Toujours festive et joyeuse. Angus Cassady était un professeur de physique émérite et respecté de ses pairs. Il travaillait beaucoup et avait tendance à ne vivre que pour son travail, malgré son amour total pour sa femme. Jusqu'à l'arrivée de leur premier enfant, un fils. Les premières années de Dean se passèrent bien. Un père strict et une mère un peu plus souple, autant dire que le jeune garçon avait au final pas mal de liberté.
Et la liberté, à la Nouvelle-Orléans, c'est bien souvent synonyme d'aventures. Dean ne tenait pas vraiment en place et explorait inlassablement les environs, seul ou avec ses amis. Et quelques années plus tard, avec Jay, son petit frère. Etre l'ainé s'accompagnait autant de privilèges que de corvées, mais ni Jay ni Lizzie n'ont jamais eu à se plaindre du comportement de leur frère, sauf pour se plaindre de son côté protecteur.
Bien sûr, des dérapages, il y en a eu plusieurs. Il est difficile de ne pas s'attirer d'ennuis quand on a le goût de l'aventure et le goût du risque. Mais jamais rien de grave, juste un gaçon qui voulait se faire sa place et en profiter pour épater un peu la galerie. Ca restait généralement bon enfant. Mais pour un professeur émérite, se faire appeler parce que son fils a lâché des poules dans l'enceinte du collège ne passe pas vraiment.
« S'il doit y avoir la guerre, qu'elle ait lieu de mon temps afin que mon enfant puisse connaître la paix. »[Thomas Paine]Agacé par les disgressions de son fils, Angus a mis son fils ainé face à un choix presque cornélien. Allez dans un (très bon) lycée privé, à l'autre bout du pays - il fut même question à une époque de l'envoyer en Europe chez des cousins - où de choisir une académie militaire. Dean n'avait jamais envisagé de faire un séjour dans l'armée, mais il n'avait aucune envie d'atterir chez des inconnus sois disant de sa famille, ou pire encore chez des bigots coincés.
C'est ainsi qu'il s'est retrouvé à l'Air Force Academy à Colorado Springs, finalement, éloigné de sa famille par plusieurs centaines de kilomètres. Perdu au milieu d'un Etat qui lui était totalement inconnu.
On lâche le bébé chien dans l'eau et on regarde s'il sait nager.Dean se découvrit dans la foulée une passion pour l'aéronautique et un talent pour le travail d'équipe. Autant dire que ses classes se passèrent le plus facilement du monde. Comme s'il était fait pour ça. Il aurait pu aller plus loin et plus haut dans les grades - il aurait parié sa main droite que son père aurait adoré le voir avec des galons d'officer bien brillants. Mais il en avait décidé autrement. Il voulait rester près de l'action. Il n'avait pas envie de finir derrière un bureau avant ses trente ans.
« ...car celui qui aujourd'hui répend son sang avec le mien, sera mon frère. »[Shakespeare]La première fois qu'il partit en mission, Dean était tendu comme jamais. Mais le plus difficile avait été les au revoir. Et écrire cette lettre que tous les soldats doivent rédiger avant de partir au front. Au cas où il leur arrive quelque chose. Dean avait fixé sa feuille pendant presque une heure avant d'enfin réussir à écrire quelque chose. Puis, pendant quelques instants, il avait regretté d'avoir refusé la formation de pilote de chasse pour être "simple pilote d'hélicoptère".
Et puis il avait sauté dans le grand bain. Lors de sa première permission, au lieu de rentrer directement à la Nouvelle Orléans, il suivit l'un des gars de son unité à San Franciso, passer quelques jours dans la ville, à boire et faire la fête. C'est à cette époque qu'il a rencontré Helen, une voisine des parents de Tobias. Initialement, ça devait être une relation sans lendemain. Mais ils continuèrent à échanger même après que Dean soit retourné sur le terrain.
Bientôt, ce furent toutes les permissions de Dean qu'ils passèrent ensemble, après quelques visites éclairs à la famille du soldat. Et entre deux missions, ils décidèrent de se marier. Il y avait une règle tacite entre eux, celle de ne jamais laisser la guerre interférer entre eux.
« Je voudrais perdre la mémoire pour ne plus changer de trottoir quand je croise mes souvenirs. »
[G. Moustaki]Lorsque Tobias fut tué en opération, Dean insista pour aller voir les parents de son frère d'armes et leur expliquer comment ça c'était passé et parce qu'il les apprécait. Il termina ensuite sa dernière mission et choisit de quitter l'armée - avec les honneurs - de tous ses frères d'armes, Tobias avait été comme un second frère pour lui et si ça n'avait pas été le premier de ses amis à mourir, ce fut celui dont la mort le marqua le plus.
Malgré tout, il restait un homme d'action et il choisit d'entrer dans la police à son retour à la vie civile. Quelques mois plus tard naissait Noah. L'arrivé de ce petit bonhomme bouleversa la vie du couple, mais dans le bon sens. Même si Dean passait toujours trop de temps au travil selon sa femme. Néanmoins il ne rata jamais une journée importante pour son fils. Et dès qu'il avait du temps libre, il le passait avec le petit garçon.
A être flic, Dean ne se fit pas que des amis. A vrai dire cela ne l'atteignait pas vraiment. Même si ses métodes parfois un peu expéditives faisaient jaser. Mais vu qu'il avait de bons résultats, personne ne semblait faire grand cas de ses techniques. De temps à autre, sur son temps libre, il donnait un coup de main à son beau père, en profitant pour ajouter quelques heures de vol à celles qu'il avait accumulé à l'armée. Même si les vols était totalement différents.
Il ne fit l'exception de rester plus tard au travail qu'une seule fois, afin de donner un coup de main sur une affaire un peu corsée, quand il entendit soudain à la radio d'un patrouilleur qui déambulait dans le couloir une adresse qui le laissa presque tétanisé. La sienne. Un type avait choisi de cambrioler sa maison et avait été surpris par Helen qui rentrait, elle, à l'heure prévue. Il fut supposé que dans la panique d'avoir été pris la main dans le sac, il avait attaqué la jeune femme qui décéda aux urgences.
« Que celui qui combat les monstres prenne garde dans sa guerre, a ne pas devenir un monstre lui même. A force de plonger trop longtemps votre regard dans l'abime, c'est l'abime qui entre en vous. » [Friedrich Nietzsche]Dean refusa d'être relevé de l'affaire - probablement liée à une série de cambriolage à degré de violence variables. Mais il fut mis à pied après avoir pété un câble - et la tronche d'un suspect - pendant un interrogatoire. Alors il choisit de mener l'enquête de son côté, à sa manière. C'est ainsi qu'il apprit que la fille d'un parrain local de la mafia russe avait été aggressé d'une façon assez similaire. Alors il fit une chose que beaucoup auraient qualifié d'insensée : il se rendit au domicile de la jeune femme pour l'interroger.
Ce que bien entendu l'oncle en question n'apprécia pas des masses, la décence aurait voulu que Dean passe d'abord par lui, comme il le lui expliqua après l'avoir sorti du coffre de la voiture de l'un de ses hommes de main. Sauf qu'au moment où il allait envoyer Dean nourrir les poissons, celui-ci lui proposa un marché. Il voulait au moins autant la mort du type que le russe. Et il avait des compétences qui pouvaient se montrer utiles. Alors autant s'associer non ? L'idée plut au mafieux, il demanda simplement - ou plutôt lui ordonna - de garder un oeil sur Natsya.
Autant dire que cette part de la mission n'était pas forcément la plus simple. Surtout quand il s'agissait de paraître à des galas de charités. Même s'il pouvait toujours compter sur ses états de services pour ne pas avoir l'air trop décalé, même s'il n'avait que faire des décorations militaires qu'il avait reçues.